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Texte de ma plume

Mes deux visages (première ébauche)

Je n’ai jamais été sûr de qui j’étais, de ce que je désirais, de ce que j’attendais de la vie. Je savais seulement que ma vision des choses était très différente de celle des autres. J’ignorais néanmoins pourquoi… Et puis un jour, j’ai arrêté de jouer un rôle. J’ai retiré mon masque et je me suis dévoilée au monde entier. Je crois avec certitude que ce jour là fut le plus beau de toute mon existence.
Lorsque j’étais petite, il m’était inconcevable de m’endormir. Mes parents pourront en témoigner, je hurlais tous les soirs, au moment du couché, jusqu’à en avoir la voix complètement cassé ! Quand je regarde les films de moi petite, on ne m’entend presque pas parler et si par malheur j’ose parler, ma voix ressemble plus à celle d’un camionneur qu’à celle d’une petite fille. Je m’étais toujours dis que beaucoup d’enfants avaient peur du noir et que mon angoisse de l’endormissement était semblable à celles d’autrui. C’est là que ma vision des choses différai de celle des autres enfants… Après plusieurs années de travail sur moi-même, j’ai découvert avec l’aide de ma psychologue, que j’avais une peur atroce de la mort dans sa globalité. Que quelqu’un de mon entourage puisse mourir, moi ou même un inconnu, l’idée que la vie s’arrête d’un seul coup me terrifiait et me terrifie toujours. Vous vous demandez surement quel est le lien entre la mort et le fait de dormir ? Le noir, le silence, le froid, la solitude, l’impossibilité de contrôler quoi que ce soit. Quand le soleil se couche, que la lune apparait et que la nuit fait son nid, je ressens toujours une profonde tristesse, comme si ce moment marquait à jamais la fin d’une journée unique dans la vie de chaque personne. Je dis « il me semble » même si c’est en réalité un fait, parce que je me doute bien que peu de personnes pensent tous les soirs au fait qu’ils ne pourront jamais revivre cette journée. C’est insensé de penser toujours au fait qu’on peut mourir toute suite, demain ou dans quelques minutes. C’est insensé de voir défiler sa vie à chaque fin de journée. C’est insensé d’avoir peur de ne jamais de réveiller. C’est insensé d’avoir peur de se réveiller et d’apprendre que ses proches sont décédés. Pourquoi j’y pense alors que je trouve ça insensé ? C’est vrai, je devrais simplement ne pas y penser ! Mais est-ce qu’il est possible d’arrêter de penser ? Est-ce qu’il est possible de demander juste 5 minutes de répit, juste pour souffler ? Non, aucune de ces choses n’est réalisable, et encore moins pour un surdoué ! Si vous ne comprenez pas à quel point un surdoué souffre, pourquoi un surdoué aimerait juste être comme les autres, je viens de vous donner une des multiples raisons. Imaginez penser que vous allez mourir à chaque instant, que votre mère, votre père, votre soeur, votre frère, que toute votre famille va mourir, que votre maison va brûler, que vous n’aurez jamais votre brevet, votre bac, que vous ne réussirez jamais vos études, que vous ne rencontrerez jamais quelqu’un qui vous aimera toute votre vie, que vous décevez les gens que vous aimez, que vous n’arrivez plus à vous concentrer, que vous êtes justes en train d’imploser… Imaginez juste ça et demandez-vous si la surdouance est un atout, si vous voudriez être comme nous.
On dit que les surdoués sont des personnes hypersensibles et très lucides. Cette lucidité semble être un atout pour la plupart des gens, mais quand elle est trop exacerbée, elle en devient une grande souffrance et un handicap. Les peurs habitent le surdoués. C’est sa grande lucidité qui l’amène à voir le danger là où les autres ne le voient pas et à angoisser dans des situations complètement banales, de la vie de tous les jours. Pour vous donnez un exemple, voilà ce que je peux ressentir en rentrant dans un magasin, un lieu public, ou encore dans une rue… D’abord, j’analyse quel type de danger je pourrais affronter : un incendie, une fusillade, une explosion ou une agression, tout ce qui est réel, c’est à dire dans la mesure du possible, est une peur pour le surdoué. Personne ne devrait penser qu’il peut mourir si il rentre dans un magasin ou si il sort de chez lui, et pourtant nous autres, surdoués, ne cessons jamais d’être attentif au moindre danger. Il y a un mois de cela, je me suis rendue au cinéma avec mon Papa. Je ne connaissais pas ce cinéma et ce fut très angoissant pour moi. Pourquoi ? Parce qu’il me fallait analyser les moindres recoins de ce nouvel espace, afin de pouvoir agir en cas de danger. J’ai donc cherché des endroits où me réfugier, regardé où les sorties de secours se situaient dans chaque pièce et estimer quel type de danger j’étais susceptible d’affronter. Il s’avère qu’on était à un mois des attentats de Paris et que cet événement m’avait traumatisé, comme la totalité des français. Pour moi, c’était LE danger que j’allais affronter en rentrant dans cette salle de cinéma. J’espérais au plus profond de moi qu’une chose pareil n’arrive pas et d’ailleurs, quiconque espère cela ne se met pas à être intimement persuadée que ça va arriver, sinon quoi la panique prend le dessus et autant rentrer chez soit. Malheureusement, je ne pouvais pas rentrer. Si je rentrais, je laissais mes peurs guider ma vie et il en était hors de question ! J’ai donc regardé le film, mais à aucun moment mon attention ne s’est détachée des bruits qui pouvaient parvenir de l’extérieur ou encore de l’attitude des personnes se trouvant dans la salle avec moi. Je gardais mon téléphone dans la main, en me tenant prête à prévenir la police ou ma maman que nous étions en danger, mon père et moi. Je me voyais déjà allongée sous mon siège, en train d’écrire un sms à ma mère et je réfléchissais quel mot ou quelle phrase était la plus rapide à taper et la plus claire. A mainte reprise, les explosions et les tirs provenant du film me tétanisaient… C’était très dur de ne pas partir en courant et ce jour là, j’ai fais un effort dont personne n’aurait pu se douter. Quand le film s’est enfin terminé, ce fut le soulagement et tant que je n’avais pas rejoins la voiture, j’étais attentive à ce qui se passait autour de moi, tout en essayant de garder mon calme. Nous sommes sortis par une sortie de secours et pendant que nous marchions, j’ai imaginé comment j’aurai fais si il aurait fallut que je fuis à tout pris la salle de cinéma par cet accès. Il s’avère que cette sortie de secours était un vrai labyrinthe, qu’on n’en voyait pas le bout et qu’elle se terminait par un grand escalier. Pas très pratique en cas de danger… J’ai fais la remarque à mon père sur le ton de l’humour et ça l’a beaucoup fait rire, mais je doute qu’il ait pu imaginé que ma remarque vienne du fait que j’étais horriblement angoissée par l’endroit dans lequel je me trouvais. Inutile de vous expliquer la sensation qui m’a traversé le corps lorsque j’ai vu une rangée de militaires armés, en tenue de camouflage, juste devant l’entrée du cinéma. Rien de plus rassurant pour un surdoué ! Oui, je sais, c’est paradoxale. 
C’est donc ce que peut ressentir un surdoué à chaque fois qu’il se rend dans un endroit inconnu. Vous devez trouvez ça très étrange si vous n’êtes pas surdoués et ça l’est, en effet. Mais ne trouvez-vous pas cela d’une injustice sans nom ? La surdouance est très difficile à décelée et beaucoup de surdoués ne sauront jamais qu’ils le sont et pourtant, les signes n’en sont pas moins présents. Ces angoisses persistantes et cette volonté de rester enfermer chez soit ressemble beaucoup à la dépression, n’est ce pas ? C’est ce qu’un grand nombre de médecins vont annoncer à leurs patients, passant à côté d’une information qui pourrait tout changer. Nul doute que les antidépresseurs vont être inefficaces, et si c’est le cas on pourra vous dire que vous êtes schizophrènes ou juste fou. Dans tous les cas, la personne concernée sera en grande souffrance, ne se sentant pas comprise. Alors j’espère que certains d’entre vous, en lisant ce livre, vont se reconnaitre dans mes mots et se rendre compte de qui ils sont en réalité. Je me sens souvent folle et incomprise, mais quand je lis des témoignages de surdoués en souffrance comme moi, j’ai simplement l’impression de venir d’une autre planète, celle des surdoués. Je dois m’adapter pour tout ce que j’entreprend, rien que pour expliquer à mes parents pourquoi me rendre à la boulangerie est difficile pour moi. J’espère que ce livre saura leur montrer que je ne manque pas de volonté, que je suis juste paralysée par mes pensées et que décevoir les gens n’est pas mon but premier. 

Elle dansait

Le grincement de la chaise, le bruit qu’elle fait avec ses couverts, la respiration forte de mon voisin, le regard triste de ma soeur, la lenteur de ses mouvements… Je vois tout, je perçois tout. J’ai l’impression que mon champ de vision est tellement large que quoi qu’il se passe dans cette pièce, je serai la première à le voir. 
Je suis fatiguée, épuisée d’être comme je suis ! Je suis exaspérée par beaucoup de choses, me dit-on… Je le sais. Mais si eux aussi ils voyaient ces choses comme je les vois, ils comprendraient. Je ne vois pas juste ma soeur danser à ma droite, je vois ma soeur danser en se tenant à 5 cm de mes yeux, se postant devant moi quelque soit l’endroit que je regarde pour m’empêcher de me concentrer sur autre chose qu’elle même. Je sais qu’elle n’est pas devant moi, je sais qu’elle ne danse pas pour m’énerver, et pourtant j’ai la sensation que c’est le cas. 
Dans ces moments de monter progressive de la colère, je n’arrive pas à me dire : « Alice, calme toi, elle ne t’embête pas. » puisque elle est juste devant mes yeux, puisque j’essaye d’écouter mon père parler mais qu’elle fait tellement de bruits que je n’entend pas un mot de ce qu’il dit, puisqu’en plus de danser elle vient de fredonner un air de chanson, puisqu’elle essaye tellement de me mettre hors de moi !!!
Pardon ma soeur, je sais, ce n’est pas toi… Elle ne fait pas autant de bruits que ça, elle ne dérange personne en dansant dans son coin, elle est juste heureuse de vivre et moi je viens de le lui interdire. Mais qu’est-ce que je dois faire ? Je dois fermer les yeux et me boucher les oreilles ? Je dois quitter la pièce ? C’est ce qui m’arrive de faire très souvent mais pas parce que je n’en peux plus, parce que j’ai déjà explosé et crier et que ces les autres qui en on subit les conséquences…

Je voudrais juste vivre moi aussi ! Est-ce que c’est vivable d’avoir constamment l’impression qu’on cherche à m’empêcher de faire ce dont j’ai envie ? Est-ce que c’est vivable que de m’éloigner des gens parce qu’ils m’exaspèrent ? Est-ce que c’est vivable de se faire hurler dessus parce qu’on a essayé d’écouter parler son père ? Est-ce que c’est vivable de se retrouver dans sa chambre à pleurer parce qu’on se sent tellement seule ? Je suis incomprise, ça je l’ai compris. Mais si je ne peux pas faire comprendre aux gens que j’aime que je suis comme je suis, comment je fais pour vivre ? Je veux être réparée. 


Clones mais pas clowns

Aujourd’hui, allongée sur mon grand lit, je me demande comment j’ai fais pour suivre l’exemple de mes parents et non celui qui m’est présenté chaque jour. Je vis dans une époque très évoluée au sens matériel du terme mais qu’en est-il de la mentalité des individus de ma génération ? Vous voulez que je sois honnête ? Très bien, mais attendez vous à apprendre que vos enfants, vos neuveux et nièces, ou encore vos frères et vos sœurs, vivent dans un monde où il faut se détruire soit même pour plaire aux autres.


Il y a 2 ans, je rentrais au lycée pour la première fois. Ma grande sœur m’avait décrit le lycée comme un endroit où toute différence est accéptée, où l’amour et l’amitié sont omniprésents, où la maturité se fait ressentir en chacun de nous… Qui ne rêverait pas de passer ses journées dans un endroit pareil ? Aujourd’hui, je peux vous affirmer que j’aurai préféré savoir à l’avance ce qui m’attendait. Beaucoup de jeunes de ma génération croient qu’il faut profiter de la vie tant qu’il en est encore temps. Peut-on m’expliquer en quoi détruire son corps signifie profiter de la vie ? Peut-on vraiment me dire que ça a un sens de vivre son adolescence comme si c’était les derniers jours de sa vie alors qu’on commence à peine à la vivre ? Je me demande comment c’est possible qu’autant de jeunes se retrouvent une cigarette à la main alors qu’ils étaient des enfants il y a seulement quelques temps. Certains vont me répondre que c’est seulement pour appartenir à un groupe ou encore être accepté. Êtes-vous fière d’avoir des amis qui passent du temps avec vous juste parce que vous fumez ? Aujourd’hui, c’est ça devenir quelqu’un. Quand je les regarde tous, une cigarette à la main, tous habillés avec des vêtements de la même marque, en train de chercher à se montrer le plus possible ; je me dis qu’ils finiront tristes et seuls. A force de se copier les uns sur les autres, ils finiront par se perdre eux-mêmes. Lorsqu’ils auront finis ces années lycée, chacun prendra sa propre route et ils devront se recontruire seul, sans pouvoir réparer leurs erreurs.

2 commentaires:

  1. J'aimerais réagir par rapport à ton texte "Mes deux visages", que je trouve magnifique.
    Il y a des aspects dans lesquels je me retrouve, quand tu dis "que vous ne rencontrerez jamais quelqu’un qui vous aimera toute votre vie, que vous décevez les gens que vous aimez" mais également quand tu parles de tes peurs.
    Je panique dès que je dois aller dans un cinéma, musée,... ma paranoïa me fait imaginer beaucoup de choses. Je ne suis rassurée que lorsque je suis sortie de l'endroit en question.
    Petite j'avais très peur du coucher : je m'obligeais à me coucher une heure avant mes parents afin d'être sûre d'être endormie avant qu'il ne monte...Je vérifiais aussi systématiquement, chaque soir, si un inconnu ne s'était pas introduit dans la maison.

    Ces deux choses là ont disparu aujourd'hui, mais j'ai mis du temps.

    Bisous à toi :)
    Victoire3

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    1. Ça me touche beaucoup de voir que mes textes parlent à plusieurs personnes, je ne pensais vraiment pas ! Je sais à quel point c'est dur d'avoir autant d'angoisses et j'espère que tu arrives à les gérer... Il ne faut surtout pas que tu te trouves anormale ou folle, tu es qui tu es et tu vois, tu n'es pas la seule à avoir ce genre de "comportements" alors ne t'angoisses pas pour ça :) Merci d'être aussi présente sur le blog ♡

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